top of page

Q&R : En quoi consiste le travail d'observation préalable au dessin ?


Dans chacune de mes newsletters, je réponds à une question que vous m’avez posée, qu’elle concerne mon processus de travail, les techniques que j’utilise, les commandes d’illustration, etc. Je retransmets mes réponses dans cette section du blog pour que vous puissiez les retrouver à tout moment. Et si une question vous trotte en tête, n'hésitez pas à la poser via la boîte à questions !



Je réponds aujourd'hui à une question qui porte sur la temporalité du dessin, et qui m'a été posée lors de mon interview avec la revue Les Chantiers de la Création. Cette question me paraît essentielle dans ma démarche vis-à-vis de la pratique du dessin. L'interview complète en ligne est disponible juste ici !

Pouvez-vous nous parler du rythme délibérément lent de votre approche artistique ?


Prendre le temps d’observer est pour moi une attitude délibérément politique, dans le sens où c’est un geste qui a à voir avec notre rapport aux autres au sens large (animaux, végétaux, bactéries, etc.) et qui se rapporte à des questions de cohabitation. Cette attitude qui représente une part centrale de ma pratique est effectivement très liée au processus d’observation. À mon sens, il y a quelque chose de crucial qui se joue dans la temporalité de l’observation, dans cet espace de considération, presque de dévouement à ce que l’on observe. Il s’agit avant tout de se rendre disponible, de prêter toute l’attention que les autres formes de vie méritent, aussi infimes soient-elles, et en ce sens la photographie et le dessin me semblent des outils assez puissants pour se rendre curieux et aiguiser notre regard à l’égard de ces autres vivants.

Cette temporalité délibérément étirée de mon approche artistique se retrouve ainsi dans les outils et techniques que j’utilise, à savoir le dessin de manière très détaillée, la photographie en pause longue, ou encore dans la lenteur que peut me permettre la captation et l’installation vidéo.


Il y a dans ce processus une durée qui semble essentielle au processus d’observation. En quoi consiste exactement le travail d'observation préalable au dessin (notamment microscopique) ?

La première étape d’un dessin consiste toujours pour moi à observer la plante sous tous ses angles et à différents grossissements (à l’œil nu, à la loupe, voir au microscope selon les plantes, le but du dessin, et le niveau de détail recherché). Cette phase d’observation, sans les crayons, est très précieuse pour comprendre précisément la plante que je dessine, elle va me donner beaucoup d’indications sur la plante, ses caractéristiques précises, ses singularités, et donc la façon de la représenter. Je m’interroge par exemple à ce moment-là sur la façon dont la plante à poussé, ses conditions de croissance et l’environnement dans lequel elle évolue, et la façon dont ces paramètres contribuent à lui faire développer ses formes et textures. J’observe aussi avec attention les équilibres et forces qui s’en dégagent, la façon dont ses différentes parties s’articulent ou se croisent, par exemple. En parallèle, l’observation au microscope peut être très utile notamment dans le cas où il est nécessaire de documenter les caractéristiques microscopiques d’une plante. Il peut par exemple s’agir d’observer la forme et la structure des cellules, comme il est nécessaire de le faire pour l’identification ou la description de bryophytes et marchantiophytes (communément appelées mousses). L’observation d’une plante avec différents outils de grossissement optique va aussi me permettre d’adapter mon dessin en ayant un geste qui va correspondre à ce que j’ai pu voir au niveau microscopique. Il peut par exemple s’agir d’une texture duveteuse que je reproduirai à l’aide de petits traits imitant cette texture, presque invisible à l’œil nu. La loupe de terrain avec grossissement X10 est aussi un outil que j’utilise beaucoup, que ce soit en extérieur ou bien en atelier.






bottom of page